création 2012 – exit the king
De Eugene Ionesco
Mise en scène, scénographie: Alain Timár
au »Lasalle College for the Arts »
Le premier objectif de ma venue à Singapour était de mettre en scène »Le Roi se meurt » de Eugène Ionesco dans des conditions de production que je voulais professionnelle. Quand je dis »professionnelle », j’insiste sur le fait de travailler avec la rigueur et l’intensité qu’exigent un tel engagement. C’est cette exigence que j’ai voulu mettre en place dès le premier jour avec les étudiants que je considérai donc comme des comédiens à part entière… Je dois dire que l’accueil au »Lasalle College for the Arts » a été particulièrement chaleureux, réceptif et efficace.
Le travail de nos comédiens commençaient donc dès le matin par un entraînement physique et vocal. Au même titre qu’un danseur ou un chanteur, le corps et la voix du comédien doivent être développés par des exercices quotidiens appropriés. Ces exercices ne visant pas à former des super – champions ou des athlètes hors normes, mais à développer la sensibilité et la personnalité de chacun. C’est à cette tâche que je me suis astreint. Quant on cherche à développer les personnalités, on approche et on côtoie forcément les identités de chacun et la culture qui l’enveloppe ou la contient. Évidemment, en travaillant ici, mon devoir était de comprendre cette autre culture (disons ces autres cultures puisqu’à Singapour il y en a plusieurs qui coexistent). Comprendre pour mieux dialoguer et dialoguer pour mieux comprendre. Comprendre pour échanger et échanger plutôt qu’imposer. Je pense en effet qu’on s’enrichit beaucoup plus des différences que des ressemblances. Ainsi jour après jour, nous apprenions à mieux nous connaître. Rappelez-vous la célèbre devise de Socrate »Connais-toi toi même ». Mais cette progression, elle s’est faite disons, en miroir, à travers l’autre. Elle n’a été rendue possible qu’à cette condition : apprendre à se connaître par l’autre. Incroyable paradoxe, n’est-ce-pas !
Les répétitions de la pièce de Ionesco ont suivi cette voie pour aboutir à la création d’une pièce vivante, actuelle, à l’image de l’équipe qui la composait. Oui, je crois que le public, où qu’il soit, a envie d’un théâtre vivant, d’un théâtre qui s’interroge et interroge le monde, qui soit ouvert aussi et qui ne perd pas sa part d’utopie artistique. Il ne faut pas craindre le dialogue entre l’art et la société . Ce dialogue passe nécessairement par un questionnement sur la culture, la politique de la cité. J’ai aimé ce contact avec des comédiens et une équipe curieux de découverte et de création contemporaine. La parole, l’échange se sont avérés possibles et fructueux.
Nous sommes maintenant à deux jours de la première. Nous poursuivons notre travail. Mais nous attendons le public avec beaucoup d’impatience car nous voulons continuer et élargir le dialogue… A.T.