création 2003 – Le livre de ma mère
Adaptation, mise en scène, scénographie Alain Timár
Elle était déjà vieille en ce temps-là, petite, et de quelques embonpoints. Mais ses yeux étaient magnifiques et ses mains étaient mignonnes et j’aimais baiser ses mains. Je voudrais relire les lettres qu’elle m’écrivait de Marseille avec sa petite main, mais je ne peux pas. J’ai peur de ces signes vivants…
L’œuvre est éminemment autobiographique, puisqu’elle traite de la mort de la mère, de la culpabilité du fils, avérée ou rêvée, de souvenirs chéris et de regrets insurmontables ; mais à travers la force du style et la simplicité de l’écriture, elle accède à l’universel.
« C’est ce qui m’intéressait », confie Alain Timár, « au-delà de la justesse du propos et de la fidélité à la pensée d’Albert Cohen, je cherche à en atteindre la dimension mythique qui touche si profondément, quelles que soient les relations qu’on ait (eu) avec sa mère ». S’il avoue avoir d’abord été « un peu intimidé par cet Himalaya de la littérature », il a trouvé le chemin pour l’apprivoiser, « le gravir allègrement ».
L’interprétation est confiée à son complice comédien Paul Camus accompagné sur scène par Stéfano Fogher, musicien, compositeur, acteur. « La musique devient le moyen », explique Alain Timár, « d’intégrer avec légèreté l’aspect extrême sentimental du texte, d’une manière qui passe bien mieux que par les mots : je préfère le son qui pleure à l’acteur qui gémit ».
Tous les deux sont inscrits dans une scénographie habitée d’une dizaine de grandes toiles peintes par Alain Timár, qui « ne sont pas là pour décorer, ni pour illustrer mais plutôt pour matérialiser les reflets de l’âme du personnage, incarner ce voyage à travers des paysages intérieurs ». Une mise en scène en forme de quatuor sensoriel pour faire résonner une parole intime et universelle.
« Je poursuis mon investigation de l’œuvre d’Albert Cohen. Après la mise en scène de Ô vous, frères humains, j’aborde aujourd’hui Le livre de ma mère, paru pour la première fois en 1954.
‘Je l’ai écrit pour ma femme qui n’a pas connu mon admirable mère et à qui je voulais la faire connaître pour que nous l’aimions ensemble’ nous confie l’écrivain. Cette parole, qui confie au mythe, empreinte de gravité, de tragique, mais aussi d’ironie et même de comique, je voudrais la partager au théâtre, avec vous ».
A.T
Avec :
Paul Camus
Stefano Fogher
Musique originale, contrebasse : Stefano Fogher
Lumière : Valérie Foury
Costumes, maquillage : Anna Chaulet
Diffusion : Acte 2
Production :
Théâtre des Halles / Cie Alain Timár
Avec l’aide : du Ministère de la Culture (DRAC PACA), du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, du Conseil Général de Vaucluse, de la Ville d’Avignon.